Prendre la Clef des Champs : Agriculture & Architecture




Prologue


Introduction


Frise


A. Agriculture & Architecture
  1. Homo Domesticus
  2. Sublimation
  3. Coïncidence
  4. Villa Suburbana
  5. Agritecture
  6. Auto-suffisance
  7. Intégration ?

B. Agriculture & Urbanisme
  1. La révolution urbaine
  2. Mundus
  3. Imago mundi
  4. Modèle d’occupation des sols
  5. De la nature au marché
  6. Urbanisme
  7. Urbanisme agrarien ?

C. De l’Agronomie à l’Agroécologie
  1. Un hobby pour les élites urbaines 
  2. Plantations et enclosures
  3. De l’alchimie à la chimie
  4. De la guerre au champ de bataille de l’industrialisation 
  5. “Get big or get out” 
  6. Agriculture permanente et organique
  7. Au-delà de l’agriculture industrielle

D. Exit Urbs
  1. Zomia
  2. Monastères
  3. Anarchisme et Localisme
  4. Ruralisme
  5. “Think little”
  6. “Travailleurs de tous les pays, dispersez-vous”
  7. Devenir indigène

E. Affronter l’impasse environnementale actuelle
  1. “A blueprint for survival”
  2. Descente énergétique
  3. 1972 : “Les limites à la croissance”
  4. “Au-delà de la technologie industrielle”
  5. “Small is beautiful”
  6. 1978: “Permaculture one”
  7. “Scénarios futurs”

F. Recadrer la pratique et la théorie du projet
  1. Grands précédents
  2. Principes éthiques et principes de conception
  3. Un localisme radical
  4. Reformuler les principes de l’aménagement des sites
  5. Approfondir les territoires
  6. Repenser l’urbanisme
  7. Sub-urbanisme ?

G. Contre-exode ? Vers une politique de la subsistance
  1. Karl Marx
  2. Rosa Luxemburg
  3. Ivan Illich
  4. Maria Mies
  5. Sorcières ?
  6. Vandana Shiva
  7. “Reprendre la terre aux machines”

H. Biorégions
  1. Iroquoia
  2. Regional Survey
  3. Quatrième migration 
  4. Le Chant du monde
  5. Réhabitation 
  6. Vers des biorégions urbaines polycentriques ? 
  7. Un mundo donde quepan muchos mundos

Constellation


Boussole


Qu’est-ce qu’un monde ?




Exposition en cours

Conférences


Interview


Galerie


Points de vue et Critiques


Livre 


Info / Crédits




Mark

Info           






“Let no one enter here
who is ignorant of geometry”



Such was the warning writ large on the gate of Plato’s Academy, summoning logos (reason) in the discussion of major topics and public affairs. A qualified version of this sentence is also placed at the entrance of this exhibition: let no one enter here who is, and intends to remain, ignorant of the scales and proportions of our biosphere.

Taking the Country’s Side, initially shown at the Centro Cultural de Belém for the 2019 Lisbon Architecture Triennale, explores the nexus of Agriculture and Architecture, two complementary practices of domestication which started to emerge, some 10 000 years ago, as the twin fairies of the Neolithic Revolution, and thereafter of the Anthropocene. Given the present environmental predicament, our basic hypothesis is that no sound reasoning can develop on the future of those two fields of concerns unless they are reconnected and fundamentally rethought in conjunction to each other.


Patience

Our core argument is didactic and consists in 42 panels arranged in 6 thematic lines of thinking. They compose an ideology, i.e. a jurisprudence of ideas, moments and figures which one might bear in mind when considering the nexus of agriculture and architecture, and its evolution. Visitors are invited to wander among those cards as in a game of patience. As for the back of those cards, we have used them to call up, as if from the womb of architecture’s collective imagination, a constellation of famous projects or images that speak by themselves. No fixed rule dictated their placement, other than their counterpoint or resonance with the front panels located behind or across from them. Let visitors trip. The texts on our front panels should intimidate no one. Their function is to provide occasional help in better grasping the topics addressed by each panel. Dead reckoning and flitting navigation are fully encouraged. Let visitors trip.

Timeline


On the left-hand side of the room a 30 meter long timeline is displayed, synthesising the parallel evolutions of agriculture and architecture (and subsequently urbanism) since their common inception in the Neolithic age. In this work-in-progress, major environmental, technical, or socio-political shifts are highlighted, which changed the ways human societies shaped and transformed their surroundings. It should help our visitors locate the vignettes of our jurisprudence in a common history, and draw their attention toward the dynamics of those parallel evolutions: an indispensable rear-view mirror if we are to dispel the cloud of false promises that surrounds us today, and seriously address the ultimate question: What are we reasonably entitled to hope?

Compass

Since history and theory are futile if not spurred by a call to understand where we stand, our whole jurisprudence leads up to a compass for envisioning the future. There, we tried to synthesise, in four wide landscape drawings, the competing directions that the dialectics of city and country, as well as agriculture and architecture, might take nowadays. Incorporation, Negotiation, Infiltration and Secession are framed as the cardinal points of a wind rose within which visitors are encouraged to reflect on what their position might be. Ours is not neutral. By providing this compass, our intention is to challenge the common idea, largely prevalent among architects, that cities and the metropolitan condition are the manifest destiny of humankind. In our view, what the present environmental predicament badly requires from designers is indeed a new poetics of reason: a “lean logic”.


Encounters and conversations

Showing this dense exhibition at Archizoom is a way of bringing it back home since Taking the Country’s Side collects the fruits of two courses that were given at the Epfl in the past few years: an introduction to environmental history in 3rd year (synthesized in the Timeline) and an elective seminar on Agriculture, Architecture and Urbanism for master students. Our hope is that it may here be used as exactly what it is: an ideological garden or lounge where students and visitors may carefully pause and ponder on the shaking conditions and stakes of architecture today.








“Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre”



Telle était la formule inscrite au fronton de l’Académie de Platon, qui entendait soumettre la discussion des grands sujets et des affaires publiques à l’exercice de la raison (logos) et de la dialectique. Une version actualisée de cette formule figure à l’entrée de notre exposition : que nul n’entre ici s’il entend ignorer l’échelle et les limites de la biosphère.

Prendre la Clé des Champs, initialement montée au Centre Culturel de Belém pour la Triennale d’Architecture de Lisbonne en 2019, explore le lien entre agriculture et architecture, deux pratiques complémentaires de domestication qui émergèrent il y a environ 10 000 ans comme les fées jumelles de la transition Néolithique et de l’Anthropocène. Dans le contexte d’impasse environnementale qui est le nôtre, notre hypothèse est qu’aucune réflexion sensée ne pourra se développer sur le futur de ces deux activités tant qu’elles ne seront pas reconnectées et fondamentalement repensées en conjonction l’une avec l’autre.


Patience

Notre argument central, didactique consiste en 42 panneaux, ordonnés en 6 lignes thématiques. Ils composent une idéologie, c’est à dire une jurisprudence d’idées, d’épisodes ou de repères susceptibles de charpenter la réflexion sur le lien entre agriculture et architecture et son évolution dans l’histoire. Les visiteurs sont invités à déambuler parmi ces panneaux comme dans un vaste jeu de patience. Quant aux dos de ces panneaux, nous les avons utilisés pour convoquer, depuis la matrice de l’imagination collective des architectes, une constellation d’images ou de références fameuses, qui parlent d’elles-mêmes. Aucune règle prédéterminée n’a dicté leur placement sinon leurs résonances ou contrepoints avec les panneaux situés devant ou derrière elles. Let visitors trip.


Frise

À l’arrière-plan de ce jardin d’idées, une vaste frise chronologique est déployée. Elle synthétise les évolutions parallèles de l’agriculture, de l’architecture et de l’urbanisme depuis leur émergence au Mésolithique. Dans ce work-in-progress, une série de tournants majeurs (environnementaux, techniques ou socio-politiques) sont repérés, qui modifièrent la façon dont les sociétés humaines façonnèrent ou transformèrent leurs milieux. Cette frise est là pour aider les visiteurs à situer les vignettes de notre jurisprudence dans une histoire commune, et pour les rendre attentifs aux dynamiques de ces évolutions parallèles : un rétroviseur indispensable si l’on entend disperser la nébuleuse des fausses promesses dont nous sommes aujourd’hui accablés, et affronter sérieusement la question : Que nous est-il raisonnablement permis d’espérer ?


Boussole

L’histoire et la théorie sont futiles si elles ne sont pas animées par l’ambition d’éclairer le présent. Aussi toute notre jurisprudence conduit-elle à la boussole située au bout de l’exposition. Là, nous avons essayé de synthétiser en quatre grands dessins panoramiques les directions concurrentes que la dialectique ville/campagne, agriculture/architecture semble pouvoir prendre aujourd’hui. Incorporation, Négociation, Infiltration et Sécession sont présentées comme les points de fuite cardinaux d’une rose des vents à l’intérieur de laquelle les visiteurs sont invités à réfléchir à leur propre position. La nôtre n’est pas tout à fait neutre. En proposant cette boussole, notre intention est de mettre en question l’idée commune, largement dominante dans les milieux de l’architecture, qui voudrait que la condition métropolitaine soit la destinée manifeste de l’humanité. De notre point de vue, ce que l’impasse environnementale actuelle exige est une nouvelle poétique de la raison : une “lean logic”.


Rencontres et conversations

La dernière composante de notre exposition est une série d'extraits de films, de documentaires et d'interviews, présentés en cinq capsules thématiques, mettant en scène, outre des projets agro- architecturaux, des figures majeures de l'environnementalisme, de l'écologie sociale, de la permaculture, de l'agroécologie ou du biorégionalisme. Car s’il est essentiel de réunir une bonne jurisprudence historique pour comprendre les tenants et aboutissants de la situation présente, rien n’est plus vivifiant qu’une conversation avec celles et ceux qui ont effectivement pris la clé des champs, et voué leurs vies à ménager des mondes.